dimanche 19 novembre 2000

La visite du Sénat







Accueil dans la Cour d'Honneur














Le couloir d'accès à la salle du livre d'or

La salle du livre d'or


Tableau de Louis Béraud (Lyon, 1852 - Paris, 1930) représentant la salle du Livre d'Or au Sénat.


La salle du livre d'or rassemble tout ce qui subsiste de la décoration d'origine du Palais. C'est ici qu'ont été remontés en 1817 des peintures et des lambris provenant des anciens appartements de Marie de Médicis. L'ensemble a été complété plus tardivement encore, par des toiles peintes placées entre les pilastres. Au plafond, deux grands tableaux sur bois attribués par certains auteurs à Jean Mosnier (1600-1656), et autour, une série de panneaux figurant des angelots et des sibylles réalisés probablement par Philippe de Champaigne (1602-1674). Cette salle, évocation du passé doré du Palais, tire son nom du Livre d'or de la pairie, registre consignant les titres des pairs de France, auparavant conservé au Sénat et versé aux Archives nationales en 1848.



Les appartements de Marie de Médicis au Palais du Luxembourg étaient " considérés comme les plus superbes et les plus magnifiques que l'on pût voir " (Germain Brice, Description de Paris, 1752). L'architecte Baraguey (1748-1820) qui a aménagé la salle en 1816-1817 a prélevé dans les réserves du Palais et dans celles du Louvre des éléments décoratifs afin de recréer ce décor. Les lambris dorés et tapisseries aux couleurs dominantes d'or et d'azur (lapis-lazuli) sont omniprésents. Les arabesques sur les piliers peints de Charles Errard (1606-1689) sont parmi les plus belles jamais réalisées au XVIIe siècle.















Tenture aux arabesques (Nolau et Rubé). Les cinq grands panneaux de la salle sont tendus de toiles peintes à motifs d'arabesques inspirés de décorateurs comme Bérain et Delaune. Ces tentures ont été réalisées en 1858 par Nolau (1804-1883) et Rubé (1817-1899). Les boiseries et décors peints autour datent de la fin du XVIIe siècle et proviennent principalement des appartements d'été d'Anne d'Autriche au Louvre.



Marie de Médicis rétablissant la paix en France (Philippe de Champaigne). Au centre du plafond, ce tableau représente la reine majestueuse, assise sur des nuages, et recevant des mains de la Paix un faisceau de flèches qu'elle s'apprête à nouer. Ce tableau longtemps attaché au nom du peintre Jean Mosnier (1600-1656) a récemment été attribué à Philippe de Champaigne (1602-1674). Le tableau central est encadré d'une série de huit sybilles qui étaient situées dans l'oratoire de la Reine. L'auteur de ces peintures reste inconnu.












Vers l'Hémicycle
























L'Hémicycle




Un hémicycle chargé d'histoire


L’hémicycle actuel a été construit entre 1836 et 1841 sur les plans d’Alphonse de Gisors (1796-1866).

 

La salle du Sénat conservateur construite par Chalgrin (1739-1811) s'avère en effet vite trop petite pour la chambre des pairs de la Restauration, puis de la monarchie de Juillet dont les effectifs, de 1815 à 1827, passent de deux cents à près de trois cent quatre-vingts pairs. A cet accroissement, viennent s'ajouter les contraintes liées à la publicité des délibérations, jusqu'alors secrètes, instaurée par la Charte de 1830. Cette mesure suppose que le public puisse assister aux séances de la Chambre, notamment lorsque celle-ci se constitue en Haute Cour de Justice pour juger des crimes de haute trahison ou d'attentats à la sûreté de l'Etat.

 

Devant l'impossibilité d'ouvrir les procès des cent vingt prévenus des insurrections parisiennes d'avril 1834 dans la salle des séances, Adolphe Thiers, ministre de l'Intérieur, demande que soit établi un projet de salle provisoire. Faite de charpente et de planches, la salle des séances provisoire est bâtie entre février et avril 1835.

 

Le projet d'un nouvel hémicycle présenté par l'architecte Alphonse de Gisors, est adopté par une loi du 15 juin 1836. Les travaux dureront un peu plus de quatre ans pour s'achever en 1841.

 

L’hémicycle comporte deux hémicycles opposés, l’un pour les membres de l’Assemblée et l’autre pour le Président et les secrétaires du Sénat.

 

Le grand hémicycle est lambrissé et orné de statues monumentales de deux souverains emblématiques, Charlemagne et Saint Louis, ainsi que, sur des consoles, de bustes de quatre maréchaux d’Empire (Lannes, Mortier, Massena et Gouvion Saint-Cyr).

 

Le 28 octobre 1859, un incendie dévaste en partie la salle et nécessite sa reconstruction. A l'exception de certaines peintures, le décor de la salle est restitué à l'identique.

 

Les tribunes ont été agrandies en 1879 par la création d’un second étage pour accueillir près de 500 personnes, tandis qu’aux baies latérales était substitué l’éclairage zénithal que l’on connaît aujourd’hui




Mathieu Molé (1584-1656) Sculpteur : Barre. Premier président du Parlement de Paris, Garde des sceaux en 1651, il joue un rôle de conciliateur pendant la Fronde.

 

Chrétien-Guillaume de Lamoignon de Malesherbes (1721-1794). Sculpteur : Bra. Ministre d'État de Louis XVI, il défendra en 1792, malgré ses idées progressistes, le Roi devant la Convention. Il est guillotiné en 1794.





Saint Louis (1846) par Augustin Dumont (1801-1884)

 

En 1840, le ministère de l'Intérieur commande deux statues colossales des rois Charlemagne et Saint Louis décorant l'hémicycle de part et d'autre. Celle de Saint Louis est confié au sculpteur Dumont, célèbre pour son Génie de la Liberté qui domine la place de la Bastille.














Le petit hémicycle


D'un diamètre de 9 m, le petit hémicycle accueille la tribune du Président, les bureaux des secrétaires et la tribune de l'orateur. L'ensemble est traité en bois d'acajou orné de bronze doré. Dans le petit hémicycle, sept statues de marbre réalisées en 1844 et 1846, sont placées entre les huit colonnes. Elles représentent des grands législateurs et hommes d'État de l'Ancien Régime et de l'Empire (Turgot, Molé, d'Aguesseau, L'Hospital, Colbert, Malesherbes et Portalis).










La galerie des bustes





C'est par la galerie des bustes que le président du Sénat, passant entre deux haies de gardes républicaines, se rend dans l'hémicycle.

 

Le protocole républicain est bien établi. Avant l’ouverture de chaque séance publique, le président de séance se rend dans le cabinet de départ, situé à quelques pas de l’hémicycle. Il y consulte une dernière fois le dossier comportant l’ordre du jour de la séance, règle les ultimes détails du travail législatif. Puis une sonnerie qui retentit dans tous les locaux du Sénat annonce le début de la séance, tandis que les portes à double battant s’ouvrent en grand sur la galerie des bustes. Sur le seuil, le commandant militaire du palais salue le président, qui s’engage sous les roulements de tambour entre une double haie de gardes républicains sabre au clair, appartenant au 2e régiment d’infanterie de la Garde républicaine, seule force armée autorisée à pénétrer dans les assemblées législatives, placée à cette fin sous l’autorité du président. Cette cérémonie exprime un puissant symbolisme républicain : à chaque séance publique, elle réaffirme la soumission du pouvoir militaire au pouvoir civil.

 

Sur le plan architectural, cette galerie, divisée en deux parties, a été établie sur l'emplacement de la terrasse de Marie de Médicis. Elle avait été couverte par Chalgrin, sous le Premier Empire, pour abriter les archives du Sénat conservateur. Les travaux d'agrandissement de Gisors en 1856 la transforment en un couloir reliant la salle des Séances et l'actuelle salle des Conférences.

 

C'est ici que le Sénat décide, sous le Second Empire, de rassembler l'ensemble de sa collection de bustes d'anciens sénateurs et pairs de France. A partir de 1880, cette collection sera complétée par les grands hommes de la Troisième République.

 

La galerie des Bustes est bordée de bustes de grandes figures du XIXe siècle. Elle garde le souvenir des sénateurs et des hommes politiques célèbres. Ce long couloir est aménagé à l'endroit où se trouvait initialement la terrasse du palais d'origine donnant sur le jardin puis, au début du XIXe siècle, les premières salles de lecture de la bibliothèque créée par Chalgrin. Il tire son nom d'une série de bustes de grandes figures du XIXe siècle.

 

On y remarque notamment les effigies d'Adolphe Thiers par Chapu, Henri Wallon par Crauk, Sadi Carnot par Barrias, Léon Gambetta par Falguière, Jules Simon par Injalbert et Pierre Waldeck-Rousseau par Marqueste.


La salle des conférences


Avec une surface de près de 650 m2 (57 m de long, 10,60 m de large, 11 m de hauteur) égale à celle de la galerie d'Apollon du Louvre, la salle des Conférences occupe un espace dont la fonction a évolué au fil de l'histoire. C'est tout d'abord en son centre que débouchait l'escalier de Salomon de Brosse. C'est là encore qu'a pris place pendant la première moitié du XIXe siècle l'hémicycle du Sénat conservateur.

 

En 1852, Napoléon III demande à Alphonse de Gisors (1796-1861) de réaliser une galerie du Trône pour le Sénat impérial. L'architecte réunit alors d'un seul tenant l'ancienne salle des Séances et les deux salons attenants.

 

Le décor actuel réalisé entre 1852 et 1854 est l'un des plus riches du Second Empire comporte de nombreuses œuvres : coupole de Jean Alaux (1786-1864) et culs-de-four d'Henri Lehmann (1814-1882).

 

On y a récemment replacé le trône de Napoléon Ier en bois doré réalisé par François-Honoré-Georges Jacob-Desmalter (1770-1841) en 1804.



L'exemplaire original de la Constitution de la 5ème République






Cul-de-four à l'extrémité ouest (1854 - Henri Lehmann). Élève de Ingres ; Henri Lehmann illustre, dans un grande fresque, l'histoire de France. Ici, Lehmann interprète dans une grande fresque historique, la mémoire de l'ancienne France : la France sous le règne des Mérovingiens et des Carolingiens renaît à la foi et à l'indépendance, ou l'histoire de France des origines à Charlemagne.



Apothéose de Napoléon Ier (1854 - Jean Alaux). Dans la coupole, une peinture de Jean Alaux (1786-1864) - qui a composé le décor de la salle des États généraux à Versailles - est chargée de représenter, selon le programme officiel, l'apothéose de Napoléon Ier - drapé dans son manteau impérial rouge et les bras étendus dans un geste de paix - ainsi que " l'Avenir ouvert " par le règne de Napoléon III.






Cul-de-four de l'extrémité est (1854 - Henri Lehmann). Dans le cul-de-four est, Lehmann peint L'Épopée française de la première croisade à Louis XIV ou La France sous les Capétiens, les Valois et les Bourbons combat pour sa religion et son unité.




Le trône de Napoléon 1er

Fauteuil du trône de Napoléon 1er (1804-1805, Jacob Desmalter). La genèse de ce siège d'apparat en bois doré garni de velours brodé est assez curieuse. En germinal an XII, il est prévu de commander pour le Premier consul, c'est-à-dire Bonaparte, un fauteuil correspondant à ce modèle. Exécuté d'après un dessin de l'architecte Chalgrin et inspiré d'un siège romain en marbre conservé au Louvre, ce siège devait être en acajou avec ornements de bronze doré. Le changement de régime et l'apparition de la dignité impériale imposent la confection d'un fauteuil en bois doré. Jacob Desmalter réalise alors un fauteuil dont le dessin correspond à l'ancien projet (seul le dossier est modifié) mais dont le matériau répond aux exigences de la nouvelle étiquette. Le fauteuil garni de velours rouge est placé dans la salle des Séances du Sénat conservateur, au milieu de la rotonde où se tient l'Empereur. La broderie rehaussant actuellement le velours a été remplacée au cours du XIXe siècle.





Les bustes de Marianne









Le salon des messagers d'Etat


Cette salle a gardé le nom qui était le sien au temps du Consulat et de l'Empire, lorsqu'y étaient installés les " messagers d'Etat ", chargés de la transmission des plis officiels entre les pouvoirs publics.





Elle est aujourd'hui une antichambre, comme au temps de Marie de Médicis. Si l'ordonnance générale avec ses colonnes de marbre antiques est encore proche de celle voulue par Chalgrin (1739-1811), le décor mural date de Louis-Philippe, avec une série de tableaux historiques parmi lesquels ceux de Flandrin (1809-1864) - Saint Louis dictant une ordonnance - et de Cabanel (1823-1889)- Richelieu et Louis XIII. Au plafond, on remarque également une allégorie de Decaisne (1799-1852) peinte en 1843, la Loi, trônant entourée de la Justice et de la Force.




Harpocrate, ou le Silence (1789) 

marbre par Louis-Philippe Mouchy (1734-1801).

 

Au Salon de 1789, Louis-Philippe Mouchy présente la statue d'Harpocrate, dieu du Silence, commandée par Louis XVI. L'œuvre, tout d'abord placé dans la salle des Antiques du Louvre, est ensuite déposée au Sénat conservateur.



La loi (1843) par Henri Decaisne (1799-1852)

 

Au plafond, un tableau allégorique, destiné au centre du plafond, est commandé au peintre Henri Decaisne. La loi, entourée de la Justice et de la Force, protège l'Ordre et le Travail, tandis que la Gloire récompense les guerriers et la Bienfaisance secourt les malheureux.





Du décor architectural de Chalgrin subsiste notamment les avant-corps de la porte avec entablement posé sur deux colonnes de marbre sarrancolin à chapiteau composite qui proviendraient des Thermes de Julien (actuel musée du Moyen-Âge à Paris). Ils étaient surmontés de trophées et de bustes que l'on retrouve aujourd'hui dans le salon René Coty.




La fin de la visite











L'escalier d'Honneur


La voûte du grand escalier d'Honneur date du début du XIXe siècle. Cette voûte en berceau, d'une longueur de presque 29 mètres, est soutenue par des colonnes d'ordre ionique. Elle est richement décorée de caissons et rosaces en plâtre, de six modèles différents, œuvres du sculpteur Bouchard (1875-1960).


Huit tapisseries tissées par les Gobelins décorent les parois latérales du grand escalier du Palais du Luxembourg. Quatre d'entre elles sont présentées ici. Elles ont comme source d'inspiration, une tapisserie du XVIIe " L'enlèvement d'Elie " d'après Simon Vouet. Présentées par la Manufacture des Gobelins lors de l'Exposition universelle de 1889, elles sont disposées dans l'escalier d'honneur du Sénat en février 1890.


Deux bas-reliefs, situés l'un au-dessus de la porte conduisant aux salles du premier étage, l'autre répété sur la face opposée, terminent la voûte. Réalisés par les sculpteurs Duret (1804-1865) et Ramey (1754-1838), ils représentent Minerve et ses attributs, encadrée de deux génies ailés lui présentant des couronnes de chêne et de laurier.


Les 48 marches du grand escalier d'honneur

Pour construire l'escalier d'honneur, en 1800, Chalgrin détruit l'ancienne galerie qui occupait le premier étage de l'aile ouest du Palais. Le style néoclassique, dont Chalgrin est un fervent adepte et qui introduit  « le goût de l’antique dans les ouvrages d’art », s’exprime par excellence dans le nouvel escalier du palais.

 

Ce dernier, majestueux, d’une seule volée, est partagé dans sa moitié par un unique palier de repos. La voûte en berceau, soutenue par des colonnes d’ordre ionique, s’orne de caissons et de rosaces. De part et d’autre, des piédestaux portent des statues en plâtre des grands hommes de la révolution et de l’épopée napoléonienne. L’ensemble est remarquable par la pureté de ses lignes.

 

L'escalier, composé de 48 marches, est décoré de six lions antiques en pierre s'inspirant des lions égyptiens des fontaines de Rome (d’où la curieuse amorce de tuyau dans leur bouche). Deux autres lions, ornant initialement l'extrémité supérieure de l'escalier, ont été déposés en 1854 à l'occasion de la création d'une galerie de communication entre les salles du premier étage et le musée du Luxembourg alors situé dans l'enceinte du palais du Luxembourg. Ils ont été ultérieurement replacés dans le prolongement de l'escalier d'honneur, au début du vestiaire des sénateurs.

 

La balustrade en encorbellement date du Second Empire, la série des tapisseries des Gobelins de la fin du XIXe siècle et le tapis rouge a été mis en place en 1958.

 

En revanche, les deux bas-reliefs aux extrémités représentant Minerve entourée de génies ailés et réalisés par les sculpteurs Ramey et Duret sont d'origine.

 

Le tapis, aux motifs rouge et or dont le dessin reprend les motifs de la voûte et de la frise sculptée, n'est mis en place qu'en 1958.